La semaine dernière, nous avons commencé une série sur la manière de gérer des « employés toxiques ».

Un lecteur s’est demandé « Mais qu’est-ce que c’est exactement qu’un employé toxique ? »

C’est une tellement bonne (et évidente) question, que je vais y répondre maintenant, avant de continuer sur d’autres outils de communication positive pour développer la collaboration avec ces collègues.

Qu’est-ce qu’un « Employé Toxique » ?

« Employé Toxique » est une de ces expressions souvent utilisée mais rarement explicitée.

Personne n’est toxique. Mais certains comportements oui.

« Elle a beaucoup de potentiel. »

« Il est vraiment toxique. »

Nos actions viennent de nos croyances et de nos comportements. Vous et moi, nous agissons selon nos convictions, conscientes ou non.

iceberg comportement visible croyances cachés

Lisez à propos des étiquettes qui créent une déconnexion entre personnes.

Simplement parce qu’une personne s’oppose courageusement à une brute ne signifie pas qu’elle est courageuse en toutes circonstances. Elle a bien sûr agi avec bravoure à ce moment-là. Ca renforce la confiance qu’elle a et celle des autres dans le fait qu’elle pourrait agir de la même manière dans des conditions encore plus difficiles.

De la même façon, quelqu’un qui trébuche n’est pas un empoté. Il agit de manière maladroite.

Qui nous sommes est plus important que la manière dont nous nous comportons.

Les Mentalités Comptent

Le but de cette série sur les comportements toxiques au travail sert à présenter les solutions qui favorisent les comportements pérennes et constructifs.

On y arrive en s’intéressant aux croyances qui existent derrière les comportements.

Les Mentalités Figées et de Croissance

Dr. Carol Dweck, professeur à l’Université de Columbia, a identifié deux attitudes sous-jacentes au développement de capacités.  Ces attitudes étendent ou bien contraignent le regard que l’on porte sur nous et sur les autres.

Ceux qui ont une Mentalité Figée croient que les gens ont des qualités et qu’ils atteignent un niveau de capacité maximum, non surmontable. Comme notre taille. Mon frère, un adulte depuis longtemps, fait 1,88m. Il ne grandira pas plus.

Ceux qui ont une Mentalité de Croissance estiment que l’on peut changer au cours de sa vie. Comme les muscles. Mon frère s’est inscrit dans un club de sport. Ces biceps sont plus dessinés qu’il y a quelques mois !

Circuler entre les Mentalités

Au travers de nos interactions avec les gens, on peut encourager n’importe laquelle de ces mentalités.

Les étiquettes poussent les gens vers la mentalité figée. C’est vrai que ce soit une étiquette positive ou négative. Une fois identifié comme toxique, toujours problématique. Une fois considéré comme prometteur, on en attend toujours plus.

Je cherche à orienter les gens vers la mentalité de croissance en utilisant les outils de communication positive qui fournissent des choix dans le cadre de limites claires. Cette approche de la communication rend les gens responsables pour leurs actions et invite la collaboration et le respect mutuel.

Ces outils sont fondés sur les principes psychologiques de Dr. Alfred Adler et ont été confirmés par la neuroscience. Par exemple, Dweck explique que les gens avec une mentalité figée se concentrent sur les affirmations. « C’est comme ça que ça marche, un point c’est tout. » Les gens qui ont une mentalité mouvante entretiennent les questions. « Qu’est-ce qu’il faudrait pour bouger de là à là ? »

Dweck affirme que les gens peuvent changer de mentalité. Se rendant compte que ces deux visions du monde existaient, beaucoup ont reconnu leur tendance à être dans une mentalité figée et ceci les a aidés à se concentrer intentionnellement sur le développement d’une perspective évolutive.

Une attitude toxique est souvent synonyme de mentalité figée. La personne croit que son étiquette est supérieure à celle d’un autre. C’est pourquoi elle mérite un traitement particulier. (Elle peut aussi être une victime plus systématique.)

Le but de cette série sur le comportement toxique au travail est de présenter des solutions de mentalité mouvante pour

  • Eviter de tomber dans le piège de la mentalité figée
  • Inviter les employés difficiles à évoluer
    … grâce à des outils relationnels qui sont à la fois fermes et bienveillants
  • Etre dans l’attente que le collègue peut et va progresser

Les Comportements Toxiques au Travail

Quand une personne répand des rumeurs, ça empoisonne l’atmosphère.

Quand un chef abuse de son pouvoir, il détruit la confiance.

J’ai remarqué deux catégories de comportements particulièrement venimeux : discréditer ses collègues et attendre un traitement de faveur. Ces gens partagent une conception du monde qui implique le besoin d’être « supérieur aux autres ».

Voici comment cela peut se traduire au travail :

Discréditer ses collègues

  • Voler les idées et s’attribuer le mérite
  • Répandre des rumeurs
    « Dommage que Stacey manque de confiance en elle »
  • Se concentrer sur les erreurs et les divulguer
    « Voilà Joe qui se fait des tâches de café sur son pantalon »
  • Initier des luttes de pouvoir, de manière passive-agressive
    « Dommage que tu n’aies pas pris en compte cette information avant de prendre ta décision »

Ils présentent ensuite des données qui auraient été utiles en amont.

S’attendre à un traitement de faveur

  • Abuser de son pouvoir, quel que soit le niveau de responsabilité
  • Juger les autres pour avoir eu un comportement qu’ils considèrent acceptables pour eux-mêmes
    « Sam est tellement irresponsable d’arriver en retard, moi, par contre, j’ai une bonne raison »
  • Demande des faveurs
    « Je devrais recevoir deux cadeaux à la fête de fin d’année parce que… » (c’est arrivé)
  • Se plaindre

Ces comportements ont un goût amer. La valeur des gens a été souillée.

Créer un Environnement où les Gens Grandissent

Les gens peuvent changer. Les collègues qui ont une attitude toxique peuvent devenir des compagnons collaboratifs (et inversement). Personnellement, j’en ai été témoin un certain nombre de fois. Le nom SoSooper signifie devenir super au travers de bloopers (gaffes). En tirant des leçons de nos erreurs professionnelles et personnelles, on s’épanouit au travail et dans sa vie privée.

Changer en premier

LA FACON EFFICACE DE FAIRE CHANGER LES AUTRES EST DE D’ABORD CHANGER SOI-MÊME.

Imaginez une balle de tennis rebondissant contre un mur. Quand vous la jetez de la même façon plusieurs fois, la balle va rebondir d’une manière prévisible. Comment peut-on faire rebondir la balle différemment ?

  • Changer de balle
  • Changer la manière dont on lance la balle
  • Changer de mur

Changer les autres, c’est comme essayer de changer la forme de la balle. Cela signifie la contraindre à adopter une autre forme, comme l’emballer de force dans du ruban. Ca fonctionne TANT QUE LA PRESSION DURE. C’est inconfortable pour la personne compactée (et elle résiste), et c’est pénible d’appliquer une pression constamment.

Créer des occasions de grandir

Les outils relationnels de cette série (et dans mon blog et mes formations) présentent des manières de changer la façon dont on lance la balle. On agit différemment POUR QUE la personne qui a une attitude inacceptable fasse face à ses responsabilités et les conséquences de ses actes. Ces outils créent des situations d’apprentissage qui invitent une réponse constructive de la part de la personne qui offense.

Dans l’article précédent, on s’est intéressé à comment gérer un comportement toxique en reconnaissant un fossé dans la relation, en acceptant que nous pouvions y avoir un rôle, et en faisant reconnaître à l’autre qu’il partage aussi la responsabilité. Ces outils ne consistaient pas à dire aux gens leurs erreurs. « Quelque chose ne va pas dans nos interactions (pas avec toi). Dis-moi comment tu interprètes la situation. »

Cette approche demande, de façon ferme et douce, que l’autre personne se rende compte de son comportement.

Lire : Solutions alternatives au licenciement d’un employé toxique – Reconnaître le défi… et votre rôle à jouer

Lorsque l’on change son comportement, cela influe sur de nombreuses relations. Quand on arrête de se plaindre du comportement toxique de quelqu’un à ses autres collègues, on s’ouvre à la créativité et on devient plus productif avec tous les membres de l’équipe. L’environnement prospère.

Un Exemple Toxique

Imaginez la situation suivante. Un chef, sous prétexte d’être serviable, touchent les femmes de façon inappropriée. En privé, il dit avec inquiétude, « Vous avez quelque chose sur votre pull », et se penche pour enlever une miette (réelle ou imaginée) sur sa poitrine.

Il est son supérieur. Ce sont ses seins. C’est un abus de pouvoir. C’est aussi compliqué d’y réagir.

Comment répondre à un comportement inacceptable de manière à se respecter soi-même (poser des limites claires) et à respecter l’autre (ne pas s’abaisser à une attitude de reproches et de honte) ?

Les Réponses des Mentalités Figées

Elle voulait s’exclamer « Espèce d’abruti ! »

Cela lui colle une étiquette et l’enfonce encore plus dans une mentalité figée.

Elle pourrait répondre avec un ordre clair, « Je vous demande d’enlever vos mains de ma poitrine ».

Il est sûrement préparé pour ce genre de réaction, et, en faisant semblant d’être froissé, il crierait haut et fort qu’il essayait seulement d’aider. IL est la victime pour avoir été mal compris.

Les diffuseurs de toxines trouvent un moyen de ne pas être tenu pour responsables.

Prendre sa Responsabilité & Rendre Responsable

Imaginez cette manière de répondre au difficile dilemme avec un message en « Je », un des outils de communication constructive qui fixe efficacement des limites et qui invite l’offensant à se comporter de façon plus respectueuse. (Les messages en « Je » sont le sujet du prochain article). Voici comment cela pourrait se passer :

Quelques jours plus tard, une fois que la femme a eu le temps d’organiser ses pensées, elle est prête à poser des limites et à mettre en avant une collaboration positive. « Quand vous avez enlevé cette miette de mon pull, j’étais mal à l’aise et perplexe car j’estime que ma poitrine est un endroit privé alors que notre relation est professionnelle. »

Pause.

« Je me sens plus à l’aise quand il y a une distinction claire entre les deux ».

Le comportement perturbateur a été contenu sans juger la personne comme étant toxique.

Elle ne peut pas contrôler sa réponse à lui, et nous aborderons ça plus en détails la semaine prochaine. En attendant, merci de laisser vos questions ou commentaires ci-dessous.

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